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Bernard Fontana hérite d'une situation explosive à la tête d'EDF, saura-t-il la désamorcer?

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Bernard Fontana, récemment nommé à la tête d’EDF par l’État, prend les rênes d’une entreprise face à des défis de taille. Entre la volatilité des prix de l’électricité, les retards des chantiers nucléaires et l’urgence de la transition énergétique, saura-t-il redresser une situation complexe, mais déterminante pour l’avenir énergétique de la France ?

  • Un contexte énergétique sous haute tension 

EDF traverse une période de fortes tensions, alimentée par des désaccords persistants sur les prix de l’électricité. L’État cherche à concilier compétitivité industrielle et financement du nouveau nucléaire, mais ces objectifs se heurtent à des intérêts divergents. Au cœur des débats, le futur dispositif de contrats de long terme destiné à encadrer le tarif de l’électricité nucléaire attise les tensions.

Dans ce contexte incertain, Bernard Fontana hérite d’un dossier sensible : rétablir un dialogue constructif entre EDF, l’État et les industriels. Il devra également superviser le développement des réacteurs EPR2, censés être plus compétitifs que leurs prédécesseurs. Pourtant, les coûts s’envolent déjà, atteignant 67 milliards d’euros. L’État attend une évaluation précise avant de statuer en 2026. Entre enjeux économiques, pression politique et défis technologiques, la mission du nouveau dirigeant d’EDF s’annonce aussi cruciale que complexe.

Autre sujet sensible : la gouvernance d’EDF, entreprise nationalisée, mais toujours régie par le droit privé. Clarifier son statut devient donc crucial.

Enfin, le nouveau PDG devra également faire face aux retards et aux surcoûts des projets britanniques, notamment à Hinkley Point et Sizewell, où l’envolée des budgets menace la rentabilité des investissements.

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  • Une expertise technique et industrielle reconnue 

Diplômé de l’École polytechnique, Bernard Fontana est une figure bien connue de l’industrie européenne. Dès le début de sa carrière, il a évolué au sein de grandes organisations industrielles, affrontant leur complexité. Il s’y est bâti une réputation de gestionnaire rigoureux, rompu aux environnements exigeants et aux décisions stratégiques difficiles.

Avant de diriger Framatome, Bernard Fontana a mené une carrière résolument internationale au sein de grands groupes industriels tels que Holcim et ArcelorMittal. Son entrée chez Framatome, filiale clé d’EDF, a marqué son engagement dans le nucléaire français, où il s’est rapidement distingué par sa gestion des projets complexes. Il a notamment œuvré à l’amélioration de la performance industrielle de l’entreprise et au renforcement de ses liens avec les partenaires internationaux.

  • Un profil managérial taillé pour EDF? 

Le choix de Bernard Fontana par l’Élysée ne doit rien au hasard. Alors qu’EDF traverse une phase de recomposition stratégique, l’entreprise a besoin d’un leader capable de la stabiliser tout en menant des projets d’une complexité inédite : relance du nucléaire, transition énergétique, et négociations avec Bruxelles sur le marché de l’électricité. Fontana offre un double atout : une expertise approfondie du secteur et un style de management à la fois ferme et conciliant.

Il devra toutefois naviguer dans une gouvernance partagée et faire face à de fortes pressions politiques. Son succès reposera autant sur sa vision industrielle que sur sa capacité à apaiser des interlocuteurs souvent méfiants : syndicats, industriels, actionnaires et régulateurs européens. Un exercice d’équilibriste délicat, où son expérience pourrait s’avérer déterminante.

Avec son expérience industrielle, son expertise dans le nucléaire et ses compétences en négociation, Bernard Fontana possède de réels atouts pour regagner la confiance autour d’EDF et réussir les projets cruciaux qui l’attendent.