Après des heures de discussion et de conflits autour de cette proposition qui a longtemps divisé les pays occidentaux, les décisionnaires ont fini par trouver un terrain d’entente. Les ministres européens de l’énergie s’accordent sur un plafond inférieur à celui évoqué à l’origine par la commission européenne. Ce compromis s’accompagne de nombreuses garanties pour éviter tous risques de perturbation sur le marché.
Le mécanisme sera activé quand, pendant 3 jours consécutifs sur le marché de référence TTF, le prix du MWh dépassera les 180 euros. Il sera également nécessaire qu’il y ait un écart entre le prix des marchés européens et mondiaux de 35 euros.
Le plafonnement des prix du gaz entrera en vigueur à partir du 15 février 2023 et sera automatiquement désactivé en cas de problèmes d’approvisionnement ou suite à une importante hausse de consommation de gaz.
Cette mesure n’est pas là pour réduire la facture des ménages, le but premier étant de temporiser la volatilité des marchés.
- Certains pays restent mitigés.
Cet accord, malgré de longues négociations, n’est pas au goût de tous. Il a été voté à la majorité qualifiée et non à l’unanimité, puisque la Hongrie a voté contre l’accord et que l’Autriche ainsi que les Pays-Bas se sont abstenus. L’Allemagne, s’y est longtemps opposée puis a fini par soutenir cette mesure.
Leurs réticences s’expliquent notamment par une peur que les fournisseurs de gaz naturel liquéfié (GNL) ne délaissent l’Europe pour des marchés plus lucratifs.
- Une réponse russe et des mesures en 2023
Le Kremlin, qui subit depuis de nombreux mois de lourdes sanctions économiques, a dénoncé cette décision. « Toute tentative de plafonnement du gaz est inacceptable et la Russie apporterait une réponse appropriée à une telle décision », a déclaré le porte-parole du Kremlin Dimitri Peskov.
Le vice-président du conseil de sécurité de la Russie, Dimitri Medvedev a qualifié l’accord de « décision irresponsable ». Moscou menace de réduire sa production en 2023 et insiste sur le fait qu’elle ne se pliera pas à l’accord des pays occidentaux.
Le plafonnement des prix du gaz russe n’est qu’une première étape pour contenir la crise énergétique dont souffrent les pays de l’UE. Les 27 pays se sont également mis d’accord sur la nécessité de la mise en place d’une stratégie de « solidarité énergétique » pour que le marché européen reste, à la fois, compétitif et attractif pour les fournisseurs de gaz.
L’urgence reste cependant dans la sécurisation et la préparation de l’approvisionnement énergétique de l’Europe qui va être beaucoup plus difficile que pour les années précédentes, puisqu’elles comptaient jusqu’ici du gaz russe. Ce qui ne risque de ne plus être le cas au vu de la réaction du Kremlin à la mesure mise en place qu’il qualifie « d’inacceptable ».