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Chute du gouvernement Barnier : Quels sont les impacts sur l’énergie ?

Démission Barnier

Le départ de Michel Barnier du gouvernement exacerbe l’instabilité dans le domaine énergétique, à un moment crucial où des décisions majeures pour la transition énergétique sont en suspens. Cette situation de retarder davantage les réformes législatives risques de freiner les investissements indispensables à la décarbonation de l’économie. Quels sont les impacts à prévoir dans les semaines à venir ? 

  • Une démission aux conséquences préoccupantes 

À peine trois mois après son entrée en fonction, le gouvernement Barnier a été renversé par un vote de défiance. Le mercredi 4 décembre, une motion de censure votée par les députés français a conduit à la démission du Premier ministre. Selon de nombreux analystes et lobbyistes, cette situation complique considérablement les investissements nécessaires pour atteindre les objectifs de décarbonation. 

Phuc-Vinh Nguyen, responsable de l’énergie à l’Institut Jacques Delors, souligne que cette incertitude nuit aux investissements potentiels dans le secteur de l’énergie, notamment pour les projets en développement. Jules Nyssen, président du Syndicat des énergies renouvelables (SER), ajoute que la dépendance du secteur énergétique aux décisions politiques exacerbe les préoccupations. Les projets énergétiques ont nécessité des délais importants pour se concrétiser, et l’absence d’une direction claire augmente les risques pour les acteurs du secteur. 

 

  • Retard sur la feuille de route énergétique 

Depuis la réélection d’Emmanuel Macron en 2022, la France se retrouve dans une impasse politique en raison de l’absence de majorité absolue au Parlement. La dissolution de l’Assemblée nationale en juin a conduit à la formation de trois groupes politiques de taille similaire, rendant difficile l’adoption de lois cruciales, notamment dans le domaine de l’énergie. Cette situation a retardé l’élaboration d’une feuille de route énergétique et climatique, essentielle pour offrir une visibilité aux investisseurs. 

Le gouvernement Barnier, en place, a pris du retard dans la définition des objectifs énergétiques pour 2028-2035, qu’il était légalement tenu d’établir. Un décret devait être publié après une consultation se terminant le 16 décembre, mais pour accélérer le processus, le projet a été soumis au Conseil de l’énergie pour un examen le 19 décembre. 

Cependant, des experts craignent qu’un nouveau gouvernement ne relance les consultations, retardant encore la définition des objectifs énergétiques. Mattias Vandenbulcke, du lobby France Renouvelables, avertit : « La Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) doit être finalisée d’ici mars. Au-delà, le manque de visibilité aura un impact majeur sur les investissements. » 

Nucléaire
  • Le programme nucléaire et la réglementation Arenh en suspens 

Malgré la chute du gouvernement Barnier, le programme ambitieux de construction de six nouveaux réacteurs nucléaires en France ne devrait pas être affecté, selon l’avocat Arnaud Gossement. Toutefois, il souligne que le succès de ce projet dépendra largement de la capacité d’EDF à le financer et à le réaliser, nécessitant l’engagement de plusieurs gouvernements successifs avant que les réacteurs ne voient le jour. 

Parallèlement, nous exprimons des inquiétudes quant à l’avenir de la réglementation Arenh, qui permet actuellement aux concurrents d’EDF d’acheter de l’électricité nucléaire à un tarif de 42 €/MWh. Cette mesure expirera en janvier 2026, et un nouvel accord entre EDF et le gouvernement doit encore être finalisé. Nous soulignons que l’instabilité gouvernementale pourrait retarder cet accord, créant une incertitude préjudiciable aux investissements. 

Le président Macron devrait annoncer ce jour la nomination d’un nouveau Premier ministre dont l’appartenance politique de ce dernier reste indéterminée, ce qui ajoute une couche d’incertitude pour le secteur énergétique.