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EPR de Flamanville : une reconnexion anticipée au réseau français

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Initialement programmée pour le 17 octobre 2025, la mise en service de l’EPR de Flamanville, situé dans la Manche, a finalement eu lieu avec deux jours d’avance. Ce mercredi 15 octobre à 0 h 33, le réacteur a injecté ses premiers électrons sur le réseau électrique français. Cet événement marque une étape symbolique pour EDF et pour l’ensemble de la filière nucléaire nationale, après plus de quinze ans d’attente et de multiples reports dus à des ajustements techniques.

  • Un redémarrage symbolique pour EDF et la filière nucléaire

Cette connexion anticipée au réseau représente une étape importante pour EDF. Le réacteur Européen à Eau Pressurisée (EPR) de Flamanville, souvent présenté comme un symbole des défis industriels français, entame désormais sa phase de montée en puissance. L’unité de production n°3, la plus récente du site, fonctionne actuellement à 60 % de sa capacité et atteindra 80 % dans les prochaines semaines, conformément au protocole défini par l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN).

L’enjeu est considérable : il s’agit de s’assurer de la fiabilité des systèmes avant d’atteindre 100 % de la puissance nominale, objectif prévu pour la fin de l’automne. EDF souligne que ces essais sont essentiels afin de garantir la sécurité de fonctionnement du réacteur et la stabilité du réseau électrique. La validation de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), étape indispensable, permettra ensuite d’autoriser le passage au dernier palier de puissance.

Pour la filière nucléaire française, cette étape marque un regain de confiance après des années de retards, d’ajustements techniques et de critiques publiques. Elle confirme également la détermination du gouvernement à relancer la production d’énergie nucléaire bas-carbone, considérée comme l’un des piliers du mix énergétique national.

  • Des essais progressifs pour garantir la sûreté 

Le réacteur EPR, d’une puissance de 1 650 mégawatts, doit encore franchir plusieurs paliers de tests avant d’être déclaré pleinement opérationnel. Ces essais, réalisés de manière continue, ont pour objectif d’évaluer le comportement du cœur du réacteur et de ses circuits de refroidissement dans des conditions réelles d’exploitation.

Chaque étape de la montée en puissance est rigoureusement encadrée. EDF collabore étroitement avec ses partenaires industriels et les experts de l’ASN afin de détecter la moindre anomalie. Ces tests garantissent que les dispositifs de contrôle et de sûreté – tels que les systèmes de confinement et les barres de régulation – respectent pleinement les normes européennes.

Les équipes présentes sur le site, réunissant plusieurs centaines de techniciens, ingénieurs et spécialistes en instrumentation, surveillent en temps réel la moindre variation de température, de pression ou de flux neutronique. Ces données, analysées par des logiciels de supervision de haute précision, permettent un suivi strict avant que le réacteur n’atteigne sa pleine puissance.

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  • Une étape clé avant la production commerciale

Lorsque le réacteur atteindra 100 % de sa puissance, il pourra fournir de l’électricité à environ 3,5 millions de foyers. Cette mise en service commerciale mettra un terme à un long parcours technique débuté en 2007. Les équipes d’EDF parlent d’une « étape historique », celle du premier EPR français enfin connecté de façon stable au réseau national.

Pour la France, cette avancée constitue une réponse concrète aux défis énergétiques actuels. En renforçant la part du nucléaire, le pays renforce son autonomie de production tout en réduisant ses émissions de dioxyde de carbone. À plus long terme, l’expérience acquise à Flamanville servira de référence pour les futurs réacteurs EPR2, plusieurs sites ayant déjà été identifiés pour leur déploiement.

Cette reconnexion anticipée illustre le regain de confiance dans le savoir-faire industriel français. Après des années de doutes, la centrale de Flamanville incarne le début d’une nouvelle ère pour le nucléaire national : prudente, mais résolument tournée vers l’avenir.