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L'ASN valide le plan anti fissure d'EDF

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Dans un contexte de crise énergétique où les prix sur les différents marchés de l’énergie sont très volatils, la sureté nucléaire est aujourd’hui au cœur des préoccupations d’EDF. Après avoir découvert plus de 320 soudures à risque de fissures, EDF a mis en place un plan de contrôle dans le but d’assurer la maintenance de l’ensemble de la tuyauterie à risque dans ses centrales nucléaires. Selon Reuters, l’Autorité de Sureté Nucléaire (ASN) vient de valider, mi-mars, ce plan de contrôle et de réparation.

  • Une situation délicate 

Plus de 30 réacteurs sur les 56 dont dispose EDF sont aujourd’hui à l’arrêt pour des travaux de maintenance. La production nucléaire est, depuis 2021 en baisse. Les conséquences ont été importantes pour l’économie française. En effet, plus de 70% de l’électricité provient aujourd’hui de la production nucléaire en temps normal. Notons également que la guerre russo-ukrainienne a perturbé l‘approvisionnement en gaz naturel. En 2022, 445 térawattheures (TWh) sont sortis des centrales hydrauliques et nucléaires soit un volume en baisse de plus de 15% par rapport à 2021. 279 TWh ont été produits par les centrales nucléaires, c’est 30 % de moins que la moyenne des vingt dernières années. C’est la raison pour laquelle EDF a programmé une reprise de l’activité de tous ses réacteurs d’ici la fin de l’année.

  • Un nouveau plan adapté et révisé

Le groupe EDF a pris la décision de mettre à jour son plan de contrôle après la découverte de deux importantes fissures au niveau des réacteurs 1 et 2 de la centrale nucléaire de Penly et une autre causée par la fatigue thermique, au réacteur 3 de la centrale de Cattenom.

Tout commence fin 2021 lorsque EDF a découvert plusieurs microfissures dans ses centrales. Ce problème a causé l’arrêt de nombreux réacteurs, partout en France. La nouvelle découverte dans la centrale de Penly a forcé le groupe à réviser son programme de contrôle et de réparation.

Le nouveau calendrier présenté par le groupe vient d’être approuvé par l’ASN. Ce calendrier a été jugé « approprié » afin de mettre en place les actions de maintenance nécessaires.

  • Un nouveau plan jugé « approprié »

L’avis de l’ASN a été rendu public le 25 avril. Le nouveau plan présenté par EDF comprend des mesures de contrôle plus renforcées ainsi qu’un calendrier plus détaillé. Les échanges techniques entre EDF et l’ASN se poursuivront jusqu’à l’achèvement des travaux. Les réacteurs 1 et 2 sont considérés prioritaires. Leur arrêt est prévu pour septembre 2023.

Les travaux concernent 56 réacteurs partout en France. EDF a recensé 320 soudures et microsoudures à risque. 69 d’entre elles sont jugées prioritaires. Le groupe souhaite contrôler plus de 98% des cas avant fin 2023. Le reste des actions de contrôle et de maintenance est prévu pour le premier trimestre 2024.

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  • De bonnes perspectives pour 2023 et 2024

Les problèmes de corrosion ont certes retardé le redémarrage de nombreux réacteurs nucléaires, toutefois EDF est optimiste quant à sa production en 2023. En effet, la production électrique du groupe reste aux alentours de 300 TWh, même légèrement supérieure à celle de 2022.  EDF a également annoncé qu’elle sera en mesure de produire plus de 340 TWh en 2024.

  • Quel impact sur les prix ?

Il y a quelques années, le driver principal à suivre pour comprendre l’évolution des prix de l’électricité était le prix de la tonne de CO2. En effet, le prix de l’électricité est fixé au prix de la dernière centrale appelée, soit les centrales à gaz ou au charbon, émettant du CO2 de manière importante.

Ce driver principal a laissé place depuis la crise actuelle à la disponibilité nucléaire. Le niveau de disponibilité restait relativement stable dans le passé à la différence d’aujourd’hui ou chaque effet d’annonce d’EDF, RTE ou encore de l’ASN a un impact fort sur les marchés.

Une moindre disponibilité nucléaire a pour conséquence une sollicitation plus forte des centrales à gaz. L’équilibre offre/demande du gaz naturel est par conséquent mis à rude épreuve.

La validation du plan anti-fissure a fait baissé les prix le lendemain de l’annonce de plus de 20 €/MWh. Dès le lendemain, le marché s’est rectifié mécaniquement pour presque revenir au niveau avant annonce. Cela met en exergue le niveau de volatilité actuel et la difficulté à pouvoir prédire des futures tendances.