Articles

L’Europe peut-elle se passer du gaz russe?

valve-g686d4e3b6_1280

Depuis plusieurs années, les pays européens dépendent à plus de 40% de la Russie pour ce qui est de leur approvisionnement énergétique. Du fait de la guerre russo-ukrainienne, des sanctions économiques imposées à la Russie ainsi que l’arrêt des livraisons de gaz naturel via Nord Stream 1, l’Europe doit redoubler d’efforts pour trouver de nouveaux fournisseurs.

L’Europe peut-elle vraiment se passer du gaz russe ? Telle est la question que l’on est amené à se poser avec l’arrivée de l’hiver et la hausse historique des prix de l’énergie.

  • La dépendance énergétique de l’Europe

Avec plus de 15 000 milliards d’euros, l’UE est la deuxième puissance économique au monde derrière les États-Unis. Toutefois, les pays européens, en particulier l’Allemagne, la France et l’Italie dont le PIB total représente plus de 70 % de celui de l’UE, sont énergétiquement dépendants du reste du monde (Russie et Moyen-Orient).

Cette dépendance a remarquablement augmenté depuis la fin des années 2000. Pour faire face à la crise actuelle, les membres de l’UE se sont fixé l’objectif de trouver de nouveaux partenaires afin d’assurer leur indépendance énergétique.

Certains pays comme la France sont capables de limiter leur dépendance grâce à l’énergie nucléaire. D’autres pays comme l’Allemagne et la Pologne ont pris des mesures d’urgence pour faire face à la flambée des prix de l’énergie en stockant davantage de gaz et en continuant la production d’électricité à base de charbon.

winter-g2189c2611_1920
  • Les problématiques d’approvisionnement et les solutions envisageables

Le gaz naturel peut être acheminé, soit par gazoduc (le cas du gaz russe), soit par méthaniers (le cas des ressources en provenance des États-Unis et du Moyen-Orient).

L’arrêt des livraisons de gaz russe via Nord Stream 1 a fait flamber les prix. En effet, le gaz naturel liquéfié (GNL) américain est 4 fois plus cher que le gaz russe (acheminement par bateau).

L’union européenne se tourne également vers le Qatar (2 millions de tonnes de GNL par an pour l’Allemagne) et vers l’Algérie (100 milliards de m3 vers l’Europe en 2023) pour se défaire du gaz russe. Cependant, le potentiel d’importation est limité. En effet, ces pays produisent beaucoup moins de gaz que la Russie.

De plus, selon l’Agence Internationale de l’Energie IAE, le GNL et le gaz importé d’autres pays ne couvrent que 19 % des importations annuelles de gaz russe.

Si l’Europe souhaite assurer sa dépendance, elle doit investir massivement dans la construction de nouveaux terminaux méthaniers (futur terminal méthanier du Havre /nouveau terminal méthanier allemand). Ainsi, les solutions d’urgence sont assez limitées. Des solutions à long terme sont toutefois envisageables pour que l’Europe puisse se passer du gaz russe : énergies renouvelables, usines à biométhane, énergie nucléaire.

Selon l’IAE, ces mesures permettent de réduire de 12% par an les importations de gaz russe. Il est également nécessaire de mettre en place des stratégies efficaces qui permettent de réaliser des économies d’efficacité énergétique. On parle ainsi d’efficacité énergétique.

Pour conclure, on assiste à des Etats vulnérables qui cherchent à activer tous les leviers possibles pour se passer du gaz russe. Les délais incompressibles des projets industriels en cours ainsi que des nouvelles tensions diplomatiques notamment entre le Qatar et l’UE pourraient éloigner l’Europe de son objectif.