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Trump pourra-t-il tenir sa promesse d’inonder l’Europe de gaz ?

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Depuis quelque temps, les responsables politiques européens cherchent à réduire leur dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie. Ainsi, l’annonce de Donald Trump promettant de livrer d’importantes quantités de gaz à une Europe en difficulté sur le plan industriel a été accueillie avec enthousiasme. Mais le futur successeur de Joe Biden pourra-t-il réellement concrétiser cet engagement ? Après tout, le 47ᵉ président des États-Unis n’a pas le contrôle direct sur le marché énergétique américain. Il devra surmonter des obstacles majeurs pour rallier les grandes compagnies gazières à sa vision.

  • Une nouvelle réjouissantepour les industries en Europe

 

Lors de sa campagne, Donald Trump a affiché clairement son ambition d’accroître la production de pétrole et de gaz naturel aux États-Unis. Son objectif : inciter les entreprises du secteur énergétique à extraire davantage de pétrole afin de répondre à la demande en gaz. Pour ce faire, il a envisagé d’assouplir les réglementations environnementales et de mettre en place des mesures destinées à réduire les coûts d’exploitation, rendant ainsi les forages plus rentables et accessibles.

Dès son investiture, ce lundi 20 janvier, le nouveau président américain a signé une série de décrets pour stimuler l’extraction de pétrole et d’hydrocarbures. Parmi ses premières mesures, il a levé l’interdiction imposée sous Joe Biden sur l’approbation de nouveaux projets liés au gaz naturel liquéfié. Malgré les préoccupations environnementales, il prévoit d’élargir les zones de forage pétrolier et gazier, y compris sur les terres fédérales.

Pour les États-Unis, l’intensification de la production énergétique constitue un levier stratégique pour rester compétitifs sur le marché mondial. Quant à l’Europe, elle y voit une opportunité de faire baisser les prix du gaz, ce qui permettrait à ses industries de réduire leurs factures énergétiques élevées et de retrouver un certain souffle économique.

Enfin, cet approvisionnement pourrait contribuer à l’objectif que les responsables européens poursuivent depuis près de trois ans : mettre un terme à leur dépendance au gaz russe, exacerbée depuis le début de la guerre en Ukraine.

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  • Trump ne pourra pas aussi facilement booster la production d’énergie

La coopération entre Bruxelles et Washington pour augmenter la production énergétique ne garantit pas qu’elle se concrétisera. Les exportations de gaz ne peuvent être relancées uniquement sur la base de la volonté du président américain. Les grandes compagnies gazières restent sceptiques quant à l’idée d’intensifier l’extraction de pétrole, qu’elles jugent peu rentable dans le contexte actuel.

En effet, la production énergétique américaine atteint déjà des niveaux records. Par ailleurs, l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) a récemment souligné que ce n’est pas le moment d’accroître la production. Elle craint un excédent qui pourrait dépasser la demande mondiale, entraînant une chute des prix et des pertes financières significatives.

Dans ce secteur, les décisions des entreprises reposent principalement sur les dynamiques du marché et les perspectives de rentabilité. Bien que Donald Trump puisse tenter de les persuader, il lui sera difficile de garantir une augmentation notable des exportations à court terme.

Cette difficulté se confirme par les résultats de l’administration précédente. Malgré ses intentions de réduire la production de combustibles fossiles, Joe Biden avait échoué dans cet objectif, et la production pétrolière avait même connu une hausse considérable durant son mandat. Cela illustre à quel point le contrôle des politiques énergétiques est limité face aux réalités économiques et aux acteurs du marché.

  • Plus de gaz d’accord, mais attention à la dépendance excessive ! 

Certains responsables politiques européens appellent à la prudence face à l’idée que Donald Trump augmente l’approvisionnement énergétique de l’Europe. Ils soulignent les risques liés à la sécurité énergétique et les conséquences potentielles sur le climat. De plus, un diplomate a mis en garde contre une dépendance excessive envers les États-Unis, estimant que cette situation pourrait fragiliser l’autonomie énergétique de l’Union européenne.

Un autre diplomate a également exprimé ses réserves, affirmant que l’Amérique de Trump s’est révélée être un partenaire de moins en moins fiable, capable d’utiliser l’énergie comme un levier de pression. En effet, le président américain menace déjà l’Union européenne de nouveaux droits de douane si elle ne consent pas à acheter davantage de pétrole et de gaz américains.

Actuellement, les États-Unis occupent la deuxième place parmi les partenaires gaziers de l’Union européenne. Ils exportent principalement du gaz naturel liquéfié (GNL), dont ils sont le premier producteur mondial. Cependant, cette dépendance énergétique croissante envers Washington suscite de vives interrogations sur les implications stratégiques et environnementales pour l’Europe.